Dernière révision: 2024-11-03
médicament | Child A | Child B | Child C |
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Nitrofurantoïne | Utiliser avec précaution, risque de toxicité | Utiliser avec précaution, risque de toxicité | Non recommandé |
Nitrofurantoïne (prophylaxie à long terme) | Non recommandé | Non recommandé | Non recommandé |
Les patients cirrhotiques ont un risque augmenté d’infection bactérienne en raison d’une dysfonction immunitaire innée et adaptative qui s’installe avec la progression de la maladie. Les infections sont présentes à l’admission ou se développent pendant les séjours hospitaliers chez 25 à 35 % des patients (incidence considérée comme 4 à 5 fois plus élevée que chez la population générale). (Jalan 2014)
Les patients atteints de cirrhose doivent être considérés comme immunodéprimés. Ainsi, une infection urinaire chez cette clientèle doit être adressée comme compliquée ou à risque de le devenir (INESSS 2017). Dans une étude rétrospective, la présence de cirrhose était associé avec un risque accru d’échec au traitement la nitrofurantoïne (OR, 0.21; 95% CI, 0.06–0.82; p = 0.025). (Welch et al 2021)
Chez la population cirrhotique (comparativement à une population sans cirrhose), la sévérité des infections est accrue et les pathogènes impliqués sont plus diversifiés et résistants (Jalan 2014). Il est important de noter que les infections bactériennes sont l’une des raisons les plus fréquentes de progression de l’insuffisance hépatique et de mortalité chez les cirrhotiques. Elles peuvent être un facteur déclencheur pour différentes complications, telles que les saignements gastro-intestinaux, l’hyponatrémie hypervolémique, l’encéphalopathie hépatique, l’insuffisance rénale aiguë ou l’insuffisance hépatique aiguë sur cirrhose (acute-on-chronic liver failure). (Jalan 2014)
Au niveau de la tolérance, une étude de la nitrofurantoïne intraveineuse donnée à des patients ayant une dysfonction hépatique semble indiquer que ce produit est majoritairement bien toléré chez cette population, avec un seul cas de nausées et vomissements sévères sans évidence d’atteinte hépatique aigüe. Bien qu’une augmentation temporaire des paramètres hépatiques fut notée chez deux patients dans cette étude, celles-ci furent attribuées davantage à des fluctuations normales caractéristiques de la maladie hépatique qu’à la nitrofurantoïne. (Strauss & Jawetz 1963)
D’autre part, il est connu que la prise de nitrofurantoïne peut mener à des injures hépatiques aiguës et chroniques. Les cas d’hépatites aiguës (en moins de 6 semaines, typiquement après 1 à 2 semaines de traitement) sont rares (0,3 cas par 100 000 prescriptions), mais peuvent être sévères et mener au décès. Les cas d’hépatites chroniques sont, quant à elles, plus fréquentes (1 cas pour 1500 personnes exposées) et si non détectées rapidement, peuvent mener à la cirrhose. (LiverTox 2020) Le risque d’hépatotoxicité bien connu de la nitrofurantoïne doit être pris en compte lors de la décision de prescrire ce médicaments à un patient atteint de cirrhose.
Absorption |
Dose unique de 100 mg à libération prolongée per os (Monographie MacroBID et génériques) Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Distribution |
Monographie MacroBID, Macrodantin et génériques Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Métabolisme |
Ronald 1967 Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Élimination |
Dose unique de 100 mg à libération prolongée per os (Monographie MacroBID et génériques) 20-25 % de la dose récupérée dans l’urine (98,5 % sous forme inchangée) Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Recommandations de la monographie |
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Absence de recommandation par le fabricant |
Aucune donnée pharmacocinétique concernant la nitrofurantoïne chez la population cirrhotique n’a été identifiée. Les recommandations suivantes se basent donc principalement sur des considérations pharmacodynamiques et toxicologiques.
En traitement empirique d’infection urinaire chez le patient cirrhotique décompensé, il serait judicieux de viser un spectre antimicrobien plus large que celui offert par la nitrofurantoïne. Même si les pathogènes identifiés sont sensibles à la nitrofurantoïne, les risques reliés à un échec de traitement ou une réaction de toxicité hépatique aiguë à la nitrofurantoïne sont trop importants pour considérer la nitrofurantoïne comme un premier choix.
Lorsqu’un traitement de nitrofurantoïne est débuté, il est important d’enseigner au patient les signes et symptômes à surveiller suggestifs d’insuffisance hépatique (douleur abdominale, anorexie, selles pâles, ictère) afin que celui-ci puisse aller consulter un médecin au besoin.
Dans un contexte de traitement, nous suggérons que la nitrofurantoïne soit utilisée avec prudence chez les patients atteints d’une cirrhose légère à modérée. Vu le risque et les conséquences possibles d’une hépatotoxicité chez les patients atteints de cirrhose sévère, nous déconseillons l’utilisation de cette molécule pour cette population.
Dans un contexte de prophylaxie à long terme des infections urinaires chez les patients cirrhotiques (tout stade de sévérité), l’utilisation de nitrofurantoïne est non recommandée étant donné le risque d’hépatotoxicité associée à cet agent et l’absence de données pharmacocinétiques chez cette population. (Amarapurkar 2011)(Halilovic 2014)