médicament | Child A | Child B | Child C |
---|---|---|---|
Metformine | Sécuritaire | Sécuritaire | Utiliser avec précaution, initier à faible dose |
Il est à noter que la metformine est contre-indiquée selon la monographie lorsqu’il y a une atteinte sévère du foie.
Beaucoup d’inquiétude entoure l’apparition d’acidose lactique lors de l’utilisation de la metformine chez les cirrhotiques. (Brackett 2010, Nkontchou 2011) Dans les rares cas d’acidose lactique rapportés chez les patients souffrant d’une dysfonction hépatique prenant de la metformine, une dysfonction rénale ou de l’alcoolisme (deux facteurs de risque importants pour le développement de cet effet secondaire) étaient présents. (Garcia-Compean 2015, Scheen 2014)
Absorption | Comprimé : libération immédiate (500 et 850 mg)
Tmax : 2 à 3 heures
Comprimé : libération prolongée (500 et 1 000 mg)
Tmax : 7 à 8 heures Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Distribution |
Fraction liée : négligeable Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Métabolisme |
Voie métabolique : N’est pas métabolisé par le foie. Substrat OCT1. Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Élimination | Demi-vie (libération immédiate):
Dans l’urine (90 %, majoritairement par sécrétion tubulaire) Insuffisance hépatiqueAbsence de données |
Recommandations de la monographie |
---|
GLUCOPHAGE® ne doit pas être utilisé chez les patients présentant des signes cliniques ou biochimiques de maladie hépatique. L'altération de la fonction hépatique a été associée à certains cas d'acidose lactique. |
Aucune étude de pharmacocinétique évaluant l’impact de la cirrhose sur la metformine a été retrouvée dans la littérature. Cependant, considérant les données pharmacocinétiques de la molécule, il est peu probable qu’un impact significatif soit présent. En effet, la metformine n’est pas métabolisée au niveau du foie et est éliminée principalement au niveau rénal. (Gong 2012, Scheen 2013)
Dans l’étude de Zhang et collaborateurs, 250 patients diabétiques qui étaient sous metformine lors d’un diagnostic de cirrhose ont été identifiés afin de comparer la survie de ceux poursuivant la thérapie à ceux ayant cessé le médicament. Les auteurs concluent que la survie des patients sous metformine était meilleure lorsqu’elle était comparée au groupe ayant cessée la thérapie (11,8 vs 6,0 années, P < 0,0001). Aucune information sur les comorbidités des patients n’est disponible (incluant leur fonction rénale) et les auteurs ne mentionnent pas les doses de metformine utilisée par les patients. Cependant, dans les 172 patients ayant poursuivis la molécule (133 Child A, 33 Child B et 3 Child C), aucun cas d’acidose lactique n’a été rapporté durant une période de 26,8 mois. (Zhang 2014)
Dans l’étude de Nkoutchou et collaborateurs qui évaluait l’effet de la metformine sur l’incidence de carcinome hépatocellulaire chez les patients cirrhotiques atteints d’hépatite C, 26 patients ont reçu de la metformine pendant une durée médiane de 5,7 années (entre 3,8 et 9,5). Aucune information sur le stade de la cirrhose et les doses de metformine utilisées ne sont disponibles. Aucune complication sévère associée à l’utilisation de la metformine n’a été observée dans cette étude. Il faut cependant noter que les patients atteints de cirrhose associée à l’hépatite C ont cessé ou diminué leur consommation d’alcool suivant le diagnostic dans le contexte de cet étude. De plus, les patients atteints d’insuffisance cardiaque ou rénal n’ont pas été inclus. (Nkontchou 2011).
Un rapport de cas d’acidose lactique secondaire à la metformine chez un patient cirrhotique a été retrouvée dans la littérature. Il est important de mentionner que le patient avait été diagnostiqué avec une hépatite alcoolique, ce qui correspond à un facteur de risque majeur de développer cet effet secondaire. (Edwards 2003)
Dans une revue systématique analysant l’utilisation de la metformine comme mesure préventive et thérapeutique lors de maladie hépatique, la prise du médicament a été associée à une augmentation de l’espérance de vie. Plus spécifiquement, dans une méta-analyse de 8 études observationnelles qui incluait 22 650 patients atteints de carcinome hépatocellulaire (CHC) parmi 334 307 patients atteints de diabète de type 2, la prise de metformine était associée à une diminution de risque de l’incidence de CHC de 50 % (OR = 0.50, 95%CI : 0.34-0.73). Une seconde méta-analyse de 7 études (3 études cohortes et 4 études cas-témoins) qui incluait 16 549 patients, dont 562 étaient atteints de CHC, rapportait une diminution encore plus élevée du risque de CHC chez les patients diabétiques (OR = 0.24, 95%CI : 0.13-0.46). Malgré la présence de données suggérant un effet chimiopréventif contre le CHC, la majorité des études qui existent sont observationnelles. Des études randomisées sont nécessaires afin de consolider cet effet chimiopréventif de la metformine. Par ailleurs, de par son effet d’augmentation de la sensibilité à l’insuline, il a été suggéré que l’utilisation de metformine pourrait améliorer la réponse au traitement de l’hépatite C et de l’hépatite B. Toutefois, à ce jour, les données ne permettent pas de conclure sur son efficacité en contexte d’hépatite B. Pour ce qui est du traitement de l’hépatite C, certaines études ne rapportent aucun effet associé à l’utilisation de la metformine alors que d’autres suggère que sa combinaison avec un traitement pour l’hépatite C mènerait à une meilleure réponse virologique soutenue. Malgré tout, peu importe son effet sur la réponse au traitement, son utilisation permet d’améliorer le pronostic des patients atteints de cirrhose secondaire à l’hépatite C et de réduire l’incidence de CHC et de décompensation menant à la greffe. Ainsi, les auteurs concluent que l’utilisation de la metformine devrait être continuée chez les patients cirrhotiques afin qu’ils puissent bénéficier de ces effet possibles. (Bhat 2015).
La prise de metformine chez les insuffisants hépatiques semble être sécuritaire, même bénéfique en autant que ces derniers ne consomment pas d’alcool de façon excessive et ne présentent pas de dysfonction rénale. Les données sont limitées concernant la prise de metformine chez les patients de classe Child-Pugh C. Chez ces patients, la metformine devrait être débutée à faible dose et titrée lentement.